L’organisme de cotation financier Moody’s a signalé vendredi que Casino est en « défaillance partielle », suite au non-paiement d’intérêts dus par l’entreprise. Cette circonstance est courante au sein du mécanisme actuel de remaniement de ses obligations.
L’entité Moody’s, figurant parmi les trois agences de cotation les plus influentes à l’échelle mondiale, signale que Casino n’a pas réglé des intérêts attendus le 17 juillet. Passé un sursis de 30 jours après cette échéance, cela « provoque une défaillance » selon les critères de Moody’s, note Francesco Bozzano, expert chez l’agence.
Cette omission de paiement d’intérêts « s’inscrit dans le processus de médiation » initié le 25 mai, a-t-il expliqué, en ajoutant qu' »au cours d’une phase de médiation et de reconfiguration des dettes, une entreprise peut décider de ne pas solder les intérêts sur son obligation même sans l’accord des prêteurs ». « Ce n’était pas inattendu », la conjoncture « est parfaitement anticipée et intégrée par les investisseurs », a renchéri Aurélien Buffault, responsable de la gestion des obligations chez Delubac Gestion.
L’action Casino affichait néanmoins une progression de 2,08% à la Bourse de Paris vendredi à midi, dans un contexte boursier reculant de 0,84%. L’action s’échange actuellement à 3,14 euros, par rapport à presque 50 euros en novembre 2019.
Défaillance « à venir »
Dans le contexte d’une reprise envisagée de Casino par les magnats tchèque Daniel Kretinsky et français Marc Ladreit de Lacharrière, soutenus par le fonds anglais Attestor, une entente préliminaire a été établie avec les prêteurs. Celle-ci stipule que les prêteurs participants s’engageront à respecter le remaniement des obligations du consortium. L’engagement dans une procédure de protection accélérée, prévue pour octobre, devrait alors impliquer, même à contrecœur, les prêteurs non encore concernés.
Sollicité par l’AFP, Casino n’a pas voulu répondre.
« Les obligations n’auront pas de dividende (intérêts) distribué », principalement parce qu’elles vont « être remplacées par des actions, mais cela pourrait nécessiter quelques mois », explique Aurélien Buffault. Casino est coté « C », l’une des cotes les plus basses envisageables, ce qui indique qu’une défaillance est jugée plausible. Au début d’août, l’entité de cotation S&P Global Ratings a réduit la cotation de Casino d’un niveau à « CC », anticipant une défaillance « prochaine » si le rachat du distributeur par le milliardaire Daniel Kretinsky se réalise.